Le nordby
L'histoire
LE DERNIER VOYAGE
Le 31 août 1899, il quitte Hambourg et met le cap sur les mers du Sud et la Nouvelle Zélande qu’il rejoint en mai 1900. Le retour doit s’effectuer sur Liverpool en Angleterre, mais il ne quitte pas Auckland pour s’y rendre directement : il doit d’abord naviguer en direction de Tahiti et Raiatea pour un chargement de coprah (la pulpe de noix de coco séchée servait déjà à la fabrication d’huile de coco).
Il fait un court arrêt à Tahiti, où sa cargaison sera estimée à plus de 36 000 F le 18 août 1900 à Papeete : le navire est chargé de 111 tonnes de coprah, 4 caisses et 19 colis de cuivre jaune, 14 barils de cire d’abeille, 4 balles de coton, 5 caisses de nacres brisées et 3 d’écailles de tortue.
Mais il lui reste encore à mettre les voiles vers Raiatea, un port important en cette fin de 19è siècle. A cette époque-là, il y a plus d’échanges au port d’Uturoa qu’à celui de Papeete, car Uturoa bénéficie du statut de port franc (les marchandises qui partent d’ici ne sont pas soumises aux mêmes taxes qu’ailleurs).
En plus, la Société commerciale d’Océanie (SCO), une compagnie allemande de Hambourg, a racheté en 1876 l’usine de coprah de Uturoa et est devenue un des plus gros exportateur. C’est donc là que se fera le dernier chargement.
Le naufrage
La vente
La suite de l’histoire du voilier est unique dans les annales maritimes. Le Nordby coule, certes, mais tout n’est pas perdu pour tout le monde. Le bateau, son armement, sa cargaison et les provisions de bord peuvent encore être vendus aux enchères publiques.
Le déchargement complet se déroule sur ordonnance de l’administrateur des îles Sous-le-Vent. Deux journées de ventes vont suffire pour dépouiller le bateau de son identité. Le plus riche commerçant de Uturoa va acquérir le bateau en surenchérissant à 990 F, avec deux caisses de biscuits et 400 kilos de bœuf salé en bonus.
Au total, le produit de la vente rapporte 2 210 francs de l’époque. On est loin des 36 000 francs estimés à Papeete, mais l’armateur ne réalisera finalement pas une si mauvaise affaire lui non plus : dix ans auparavant, le bateau lui avait coûté 90 000 couronnes, mais il était toujours assuré pour 80 000 couronnes … soit une bonne compensation !
L'oubli
Une fois ces affaires réalisées pour tout le monde, le Nordby va doucement s’effacer de la mémoire collective… A tel point qu’on ne se souviendra même plus de son nom (et encore moins des circonstances exactes de son naufrage).
Longtemps, on a plongé sur cette épave en l’appelant « Le Charbonnier », en souvenir des zestes de charbon récupérés en début de siècle. On ne savait pas trop d’où cette épave venait et le mystère de son histoire n’a prit fin qu’en décembre 1996 quand un journaliste local, Jean-Louis, a retrouvé son nom dans les archives du notaire de Raiatea.
Et aujourd'hui ?
Tu as enfilé ta combinaison, ta bouteille est sur le dos, tu es prêt pour rejoindre le Nordby ? Tu sautes à l’eau et vers quinze mètres, tu aperçois déjà l’ombre fantomatique de l’épave, quasi intacte 120 ans après son naufrage …La coque et la poupe sont bien préservés, deux des trois mâts sont encore en place, bien visibles.
Tu t’approches de la cale, habitée par de nombreux nudibranches et des loches. Le pont de bois a disparu laissant la lumière entrer dans la coque. C’est par là que tu vas pouvoir explorer tout en profitant d’une balade féérique parmis les poissons chirurgiens, cochers, poissons anges, taurillons à deux bandes, rougets, crevettes, coraux noirs, nacres, spondyles (éponges de couleur vive) … De l’intérieur, le bleu est toujours visible donc pas de claustrophobie possible !
C’est à ce moment là que tu prends conscience que tu es vraiment en train de déambuler dans les entrailles d’une épave chargée d’histoires ! Repense un peu à tout ce qui a été embarqué à l’intérieur au fil du temps, aux nombreux voyages de par le monde que le Nordby a fait quand il était à son apogée …
A 18 mètres, une poche d’air permet aux plongeurs de se parler, mais par contre on se garde de respirer l’air vicié… Magique !
Tu continues tes rencontres : porcelaines pois chiche, crabes tachetés, poissons-lions, poissons-scorpions… Des anémones se sont fixées sur le métal, une murène passe … Tu remarques le gouvernail encore présent.
Avant de repartir, tu prends le temps d’admirer les nudibranches : une quinzaine d’espèces ont été répertoriées. Mais il faut avoir l’œil car ces petites choses ne mesurent que un à sept centimètres …
C’est bientôt la fin de la plongée exploration. Tu remontes des images plein la tête (et plein la Go Pro que tu as pris soin d’emmener !). C’est une expérience que tu n’es pas prêt d’oublier ! Surtout pour l’ambiance : la découverte d’un vaisseau fantôme bien conservé, dans lequel on peut rentrer, l’eau un peu trouble à cet endroit, les raies de lumières qui viennent renforcer cette atmosphère étrange, la nature qui a repris ses droits et nous accompagne tout au long de la visite … ça aurait été dommage de ne pas vivre ça !
Infos pratiques
Te Mara Nui Plongée
- plongée accessible toute l’année selon conditions météo
- niveau 1 de plongée minimum
- tarif à partir de 7000 F / personne (59 €)
- réservation au 87 72 60 19 ou sur le site de Te Mara Nui Plongée