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Le nordby

a la découverte de raiatea

L'histoire

Pour découvrir qui était le Nordby on va remonter en 1873 et nous rendre en Ecosse …
En cette fin de 19ème siècle, on commence vraiment à parler de mondialisation des échanges. Les biens et les matériaux se déplacent sur toute la terre, et de plus en plus rapidement grâce aux progrès techniques.
70% des échanges se font alors grâce au transport maritime. Les bateaux font de vrais tours du monde pour récupérer des marchandises “exotiques” un peu partout. La construction navale est une activité qui se porte donc très bien pour satisfaire toute cette demande
Parmi tout ces bateaux va naître le Glenorn, un navire en fer construit à Dundee (Ecosse) en 1873 pour le compte d’un armateur britannique. C’est un 3 mâts long de 53 m et large de 8m. Il a un tonnage brut de 624 tonneaux et un tirant d’eau de 5,30 m.
Mais ses aventures internationales vont vraiment commencer en 1890, quand il est revendu au Havre pour la somme de 90 000 couronnes, à l’armateur danois P.N.Winther.
Celui-ci le rebaptise Nordby en hommage à son petit village de naissance, dans l’île de Fano. Il a bien l’intention de le faire voyager sur toutes les mers et tous les océans de la planète … Ses périples vont le mener de Ceylan au Chili en passant par le Mexique, Buenos Aires, New York, Le Cap et bien d'autres destinations.

LE DERNIER VOYAGE

Le 31 août 1899, il quitte Hambourg et met le cap sur les mers du Sud et la Nouvelle Zélande qu’il rejoint en mai 1900. Le retour doit s’effectuer sur Liverpool en Angleterre, mais il ne quitte pas Auckland pour s’y rendre directement : il doit d’abord naviguer en direction de Tahiti et Raiatea pour un chargement de coprah (la pulpe de noix de coco séchée servait déjà à la fabrication d’huile de coco).

Port de Papeete

Il fait un court arrêt à Tahiti,  où sa cargaison sera estimée à plus de 36 000 F le 18 août 1900 à Papeete :  le navire est chargé de 111 tonnes de coprah, 4 caisses et 19 colis de cuivre jaune, 14 barils de cire d’abeille, 4 balles de coton, 5 caisses de nacres brisées et 3 d’écailles de tortue.

Mais il lui reste encore à mettre les voiles vers Raiatea, un port important en cette fin de 19è siècle.  A cette époque-là, il y a plus d’échanges au port d’Uturoa qu’à celui de Papeete, car Uturoa bénéficie du statut de port franc (les marchandises qui partent d’ici ne sont pas soumises aux mêmes taxes qu’ailleurs).

En plus, la Société commerciale d’Océanie (SCO), une compagnie allemande de Hambourg,  a racheté en 1876 l’usine de coprah de Uturoa et est devenue un des plus gros exportateur. C’est donc là que se fera le dernier chargement.

Le naufrage

Nous sommes le 21 août 1900 : le Nordby arrive sur Raiatea. Le capitaine Christiansen demande un pilote pour son entrée dans la passe, mais celui-ci n’arrive pas. L’entrée se fait quand même sans problème, ce qui est primordial au vu de la cargaison déjà importante.
Il mouille alors dans le lagon, plus précisément dans la baie de Tepua, face à la passe de Teavapiti. Ce qui devait être sa dernière escale avant le retour vers les mers du Nord sera finalement son éternel lieu de repos, car les vents en ont décidé autrement …
A cette période de l’année, c’est l’hiver austral et en ce 22 août, c’est le Mara’amu qui souffle. Ce jour-là il souffle fort, très fort ... Si fort que l’ancre dérape car le mouillage était trop court.
Motu Raiatea
Impuissant, le capitaine Christiansen assiste à la dérive de son navire surpris par les violents coups de vent. Le Nordby, après tant de voyages autour du monde, s’échoue brutalement face à la passe Teavapiti, sur un tombant rocheux particulièrement coupant.
Déchiré à l’arrière, l’eau s’engouffre : c’est une voie d'eau importante qui inonde les pompes. Le Nordby commence alors lentement, très lentement à glisser vers l’endroit où il est encore aujourd’hui, couché sur le flanc bâbord, les mâts en direction de la passe.
Le navire a subi de gros dégâts qu’on juge, à cette époque, irréparables sur place. Le fier coursier des mers va mourir non pas avec noblesse et panache au large, mais sur la côte, pour finir dans un lit de vase. Toutefois le Nordby n’a pas encore tout à fait dit son dernier mot.

La vente

La suite de l’histoire du voilier est unique dans les annales maritimes. Le Nordby coule, certes, mais tout n’est pas perdu pour tout le monde. Le bateau, son armement, sa cargaison et les provisions de bord peuvent encore être vendus aux enchères publiques.

Le déchargement complet se déroule sur ordonnance de l’administrateur des îles Sous-le-Vent. Deux journées de ventes vont suffire pour dépouiller le bateau de son identité. Le plus riche commerçant de Uturoa va acquérir le bateau en surenchérissant à 990 F, avec deux caisses de biscuits et 400 kilos de bœuf salé en bonus.

Au total, le produit de la vente rapporte 2 210 francs de l’époque. On est loin des 36 000 francs estimés à Papeete, mais l’armateur ne réalisera finalement pas une si mauvaise affaire lui non plus : dix ans auparavant, le bateau lui avait coûté 90 000 couronnes, mais il était toujours assuré pour  80 000 couronnes … soit une bonne compensation !

L'oubli

Une fois ces affaires réalisées pour tout le monde, le Nordby va doucement s’effacer de la mémoire collective… A tel point qu’on ne se souviendra même plus de son nom (et encore moins des circonstances exactes de son naufrage).

Longtemps, on a plongé sur cette épave en l’appelant « Le Charbonnier », en souvenir des zestes de charbon récupérés en début de siècle. On ne savait pas trop d’où cette épave venait et le mystère de son histoire n’a prit fin qu’en décembre 1996 quand un journaliste local, Jean-Louis, a retrouvé son nom dans les archives du notaire de Raiatea.

Et aujourd'hui ?

Que reste-il exactement de ce bateau construit en fer il y a bientôt 150 ans ?
Si tu as au moins ton niveau 1 de plongée, Te Mara Nui Plongée est à ta disposition pour une exploration (sinon si tu ne l’as pas encore passé, c’est le moment de te lancer ! il y a tant de choses à découvrir ...). C’est une plongée relativement peu profonde puisque l’épave commence à être accessible à 18 mètres. Et il faut en profiter car c’est une des plus belles plongées de Polynésie paraît-il…
Le site est abrité de la houle et du mauvais temps, mais la visibilité peut varier après de fortes précipitations qui viennent troubler le lagon quand les rivières charrient des alluvions dedans. Mais Floriane saura te conseiller sur le meilleur moment. D’ailleurs c’est une plongée qui est recommandée de nuit pour en profiter un maximum...
Carte plongée Nordby

Tu as enfilé ta combinaison, ta bouteille est sur le dos, tu es prêt pour rejoindre le Nordby ?  Tu sautes à l’eau et vers quinze mètres, tu aperçois déjà  l’ombre fantomatique de l’épave, quasi intacte 120 ans après son naufrage …La coque et la poupe sont bien préservés, deux des trois mâts sont encore en place, bien visibles.

Tu t’approches de la cale, habitée par de nombreux nudibranches et des loches. Le pont de bois a disparu laissant la lumière entrer dans la coque. C’est par là que tu vas pouvoir explorer tout en profitant d’une balade féérique parmis les poissons chirurgiens, cochers,  poissons anges, taurillons à deux bandes, rougets, crevettes, coraux noirs, nacres, spondyles (éponges de couleur vive) … De l’intérieur, le bleu est toujours visible donc pas de claustrophobie possible !

C’est à ce moment là que tu prends conscience que tu es vraiment en train de déambuler dans les entrailles d’une épave chargée d’histoires ! Repense un peu à tout ce qui a été embarqué à l’intérieur au fil du temps, aux nombreux voyages de par le monde que le Nordby a fait quand il était à son apogée … 

A 18 mètres, une poche d’air permet aux plongeurs de se parler, mais par contre on se garde de respirer l’air vicié…  Magique ! 

Tu continues tes rencontres : porcelaines pois chiche, crabes tachetés, poissons-lions, poissons-scorpions… Des anémones se sont fixées sur le métal, une murène passe … Tu remarques le gouvernail encore présent. 

Intérieur épave

Avant de repartir, tu prends le temps d’admirer les nudibranches : une quinzaine d’espèces ont été répertoriées. Mais il faut avoir l’œil car ces petites choses ne mesurent que un à sept centimètres …

 

C’est bientôt la fin de la plongée exploration. Tu remontes des images plein la tête (et plein la Go Pro que tu as pris soin d’emmener !).  C’est une expérience que tu n’es pas prêt d’oublier ! Surtout pour l’ambiance : la découverte d’un vaisseau fantôme bien conservé, dans lequel on peut rentrer, l’eau un peu trouble à cet endroit, les raies de lumières qui viennent renforcer cette atmosphère étrange, la nature qui a repris ses droits et nous accompagne tout au long de la visite … ça aurait été dommage de ne pas vivre ça ! 

Infos pratiques

Te Mara Nui Plongée

  • plongée accessible toute l’année selon conditions météo
  • niveau 1 de plongée minimum
  • tarif à partir de 7000 F / personne (59 €) 
  • réservation au 87 72 60 19 ou sur le site de Te Mara Nui Plongée

pour te donner envie ...

Ce qu'ils en ont pensé

"Nous avons fait une double plongée : sur le récif puis l'épave du Nordby. Super, l'équipe du club est au top, super expérience sous l'eau et en dehors, je recommande chaudement !"
seb3mlx
Mayotte
"L'épave du Nordby en plongée de nuit avec la merveilleuse Floriane a été un moment inoubliable : la faune assoupie, des découvertes inattendues, et tout cela sans aucune appréhension pour cette première plongée nocturne. Encore un grand merci à toi Floriane et à très bientôt pour de nouvelles aventures."
Marleanie
"Très bon centre de plongée, sérieux. Elles nous ont emmenés sur l'épave du Nordby, un pur régal. Merci à Floriane et Laurence. Je vous le conseille."
Jerome R

Te Mara nui plongée

Où les trouver sur le web